France terre brassciole

La France, terre de tradition brassicole

Surpris ? Avec plus de 3500 brasseries début XXème, dans les campagnes et dans les villes, les racines de la bière sont profondément ancrées dans notre pays. Alors plongez dans cette histoire brassicole du Moyen Age à nos jours !

Des cervoises en Gaule à nos jours


La Gaule est indissociable de sa cervoise, que Jules César qualifie de  « noble liqueur » et qui revêt plusieurs noms : corma, cervisia, celia, curmi, korev. C’est le temps des tonneaux, des braces, -nom gaulois des grains-, du dieu Sucellus, dieu des brasseurs et des tonneliers. Au XVeme siècle, dans le nord, il n’y a  pas moins de 11 appellations de cervoises : ambours, guirenielle, houppe, goudale, queute, mies, brouquin, bierquin ! Aujourd’hui, l’usage est de parler de cervoises pour des bières non houblonnées, même si aucun texte n’existe pour les différencier à l’époque. On trouve  des cervoises avec des houblons, et des bières avec ou sans houblons. Les choses ne sont jamais aussi simples qu’elles le paraissent !

Des moines brasseurs au Moyen Age à aujourd’hui


Au VIIIeme siècle, Charlemagne exige que « chaque monastère possède une brasserie ». La bière entre dans les communautés religieuses au Moyen Age. Savez-vous que les Trappistes sont nés en Normandie, en 1663 à l'abbaye de la Trappe, à Soligny dans l'Orne ? Jusqu’au début du XXeme siècle, plusieurs abbayes trappistes produisent de la bière en France. Celles de l’Abbaye de Sept Fons sont récompensées par des médailles d’or à plusieurs concours (en 1891 à l'exposition des brasseries françaises de Paris, à l'académie des sciences et arts industriels de Bruxelles en 1892).L’Abbaye Notre Dame de Chambarand est critiquée car "le but principal de cette communauté est la direction d'une importante brasserie" !  L’Abbaye du Mont des Cats en 1900 brasse des bières renommées dans toute la France. La seule bière d’abbaye produite aujourd’hui en France dans une abbaye est celle des moines bénédictins de l’Abbaye de Saint Wandrille en Seine Maritime, depuis 2016.

Le monde entier connait le style «  Bière de Garde », mais au fait, c’est quoi Bière de Garde ?


Avant l’ère de l’industrialisation, la bière, boisson agricole, suit naturellement le rythme des saisons, et sa fabrication  nécessite du froid.  L’automne marque donc le début de la saison du brassage, et avec l’hiver, c‘est le temps de la garde de la bière. Cette période de fermentation au froid est traditionnellement d’environ 80 jours. En opposition à la  bière de débit  qui fermente 4 à 5 jours et est consommée de suite. Les « Saisons » belges,proches des bières de garde, également élaborées pendant l’hiver sont gardées jusqu’à l’été pour être bues par les ouvriers agricoles pendant la saison aux champs. En 1922 Félix Duyck utilise « bière de garde » son étiquette, avec le succès que l’on sait. Aujourd’hui, les brasseurs américains définissent la bière de garde avec ces critères : ambrée à brune, 4.4 à 8.8 % alcool, esters fruités,  moelleuse, flaveurs maltées toastées, peu houblonnée. Des Brett peuvent être présentes, de l’acidité, des flaveurs de cuir, de cave, des notes animales. On est très loin de notre décret bière français (décret 92-307 modifié), dans lequel la mention « bière de garde » est réservée à la bière qui après sa fermentation primaire, a subi une période de garde d’une durée de 21 jours minimum…

Du siècle d’or à la concentration  


En 1865, tous les départements de France possèdent plusieurs brasseries agricoles. Les techniques de fermentation basse font apparaître les brasseries modernes, dont les bières rivalisent avec les meilleures bières allemandes, ou anglaises. Les groupes se créent et préfigurent le paysage des années 60 où 85 % de la production est détenue par les grands groupes multinationaux. 

Du renouveau à  l’effervescence 


En 1985, - moins de 40 sites de production en France-, la Brasserie Coreff à Morlaix marque la renaissance des brasseries artisanales. Le mouvement s’accélère avec 100 brasseries en 2000, 400 en 2010, 700 en 2015. Début  2018 elles sont 1260  et représentent environ 8 % du marché (sources SNBI). Va-t-on revenir au niveau des 3500 brasseries du début du XXeme siècle ?

 

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