Les tendances relevées sur ce début d’année 2020 sont reliées à des modes de consommation qui évoluent : recherche de bières légères, intérêt pour les associations bières et mets accru,recherche de bières produites localement…
Au-delà de ces critères, on remarque un vrai retour des créations de Lagers, et un engouement confirmé pour l’acidité. Spécifiquement en France, on peut noter l’incroyable développement des bières élevées en barriques.

1) Un décalage entre connaisseurs en bière et novices

Avant de passer en revue nos différents points de tendances, force est de constater qu’entre le monde des amateurs de bières « grand public » et entre le monde des « connaisseurs », le décalage est toujours présent. Un constat qui constitue une des principales motivations de nos actions de formation, d’animation  et d’information auprès des professionnels comme du grand public.

Autant les connaisseurs sont de plus en plus demandeurs de diversité de styles de bières à découvrir, autant le grand public reste encore très attaché à ses habitudes. (fidélité à des marques, à des goûts). Ce décalage est variable en fonction des pays, même s’il existe quasiment dans la majorité des pays. Notre vigilance en tant que professionnels de la bière doit donc être portée sur les niveaux de connaissances des amateurs de bières, et sur leur évolution. Et sur l’indispensable posture de transmission que notre statut de « connaisseur » nous impose d’avoir en toutes circonstances.

2) Des bières de plus en plus légères en alcool

Ces fameuses « bières de soif » comme on les appelait encore récemment, connaissent un regain depuis plus d’un an. Les brasseurs de toutes tailles expérimentent des bières sans alcool ou des bières très légèrement alcoolisées. Beaucoup de brasseries artisanales déclinent des versions « session » de plusieurs styles. On trouve ainsi des Session IPA, des Session Pale Ale, Session Porter ou Stout, Session Berliner Weisse, etc…

3) Les accords bières et mets 

Fait nouveau : les brasseuses et les brasseurs indiquent de plus en plus souvent des suggestions d’associations  sur leurs étiquettes. On assiste aussi à un intérêt réel de la part des restaurateurs pour intégrer à leur carte des bières artisanales, qu’elles proviennent de producteurs locaux ou de brasseries plus éloignées ; leurs sélections sont encore souvent liées à des relations directes entre chefs et producteurs, mais il est clair que les démarches de recherches de recettes, de créativité, émergent ici et là en France. Des cartes-menus avec des indications de bières en conseil d’associations commencent à voir le jour, un mouvement naissant donc à suivre et à soutenir !

 Nos meilleurs accords pendant cette saison du printemps
Asperges et Pils
Petits légumes de printemps et Pale Ales
Pousse d’épinard, salades Roquette et Rouges des Flandres
Chou-fleur et bière fumée
Chèvres frais et bières de blé Weizen et avec ajouts de fruits

4) Le retour des Lagers

Si globalement les bières « lagers » ont été oubliées par les brasseries artisanales depuis les débuts du mouvement craft, on assiste à une vraie évolution avec une reprise en main de ce type de fermentation, accompagnée d’ailleurs par les

5) L’engouement pour l’acidité

Si les bières houblonnées tiennent toujours le haut du pavé, on note un réel engouement pour l’acidité, sous toutes ses formes. On la retrouve bien présente dans les  «  Lambics, Krieks », « Sour Ales », dans les « Berliner Weisse », les Göse. Elle s’intègre aussi dans des styles plus classiques, comme on trouve des styles déclinés en version « hoppy », on trouve des styles déclinés en version « Sour ». 

6) Des bières de terroirs ?

Les matières premières dans chaque pays sont de plus en plus mises en avant. L’utilisation de malts produits localement, comme le développement des recherches des variétés de houblons sur différents territoires géographiques, sont de plus en plus pratiqués par les brasseries. A cela s’ajoute des expérimentations en terme de fermentation, l’arrivée de nouvelles souches de levures ( kveik) voire des pratiques liées aux fermentations sauvages.
C’est d’une certaine manière le retour des bières liées à des zones géographiques dans ce qu’elles ont de spécifiques au niveau local. On sait les variations qu’offrent les variétés de houblons selon qu’elles sont plantées en Californie ou en Aquitaine… C’est le même raisonnement pour les orges, les malts et bien sûr avant tout les levures indigènes.

7) Les bières élevées en barriques

Cette tendance se confirme au fil des mois, et s’installe durablement. La mise en barriques de recettes se pratique de plus en plus, pour aller rechercher les influences des différents bois, ou des différents alcools ayant été auparavant dans les barriques. La plupart des bières choisies pour être mises en barriques sont plutôt des  bières fortes en alcool, comme les Triples, ou des bières fortes et foncées. Mais la pratique s’observe aussi sur des bières plus légères, des sour, des fruitées, des Saison…

8) une crise sans précédent 

Depuis ces cinq dernières années de progression exponentielle du nombre de créations de brasseries. Avec l’arrivée soudaine de la crise liée au virus Covid-19, nombre d’installations, de déménagements et même de constructions de brasseries plus grandes ont été brutalement stoppées.

Une situation qu’il conviendra d’analyser au sortir de cette crise. L’inquiétude actuelle est grande, dans la mesure où l’activité de nombreuses brasseries est fortement liée au secteur CHR (Cafés Hôtels Restaurants). Avec les fermetures des bars, des restaurants, les annulations des évènements nombreux dès l’arrivée du printemps en période normale, un grand nombre de microbrasseries et autres petites brasseries artisanales sont complètement à l’arrêt. Les premiers chiffres font état d’une chute de 35 % de la consommation de bières depuis le début du confinement. Certes, les initiatives se multiplient pour aller à la rencontre des clients, avec des systèmes de livraisons, de Drive, de commandes en ligne. Mais plus que jamais, il convient de soutenir la filière brassicole. 

Une nouvelle façon de consommer 

Les apéros-visios deviennent les seuls liens sociaux possibles. Ces relations sociales au cœur des apéros traditionnels sont certes virtuelles, mais décuplées en intensité et en partages. De nombreux mouvements se sont spontanément créés, vidéos ou photos, pour montrer, présenter et échanger sur nos dégustations respectives. Avec pour seuls critères, celui de se relier.
On retrouve là l’impérieux besoin de non seulement créer des rendez-vous dans ces journées devenues linéaires, mais aussi l’importance des échanges, certes virtuels, sur les dégustations mises en lumière.